Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/358

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— Voilà qui s’appelle répondre, en avouant que l’on n’a rien à répondre.

— Enfin, fit Durtal qui réfléchissait, j’ai assisté à des expériences de spiritisme où nulle tricherie n’était possible. Il était bien évident que ce n’étaient ni le fluide des spectateurs, ni la suggestion des personnes entourant la table qui dictaient les réponses, puisque, en frappant ses coups, cette table s’exprima subitement en anglais, alors que personne ne parlait cette langue et que, quelques minutes plus tard, s’adressant à moi qui étais éloigné d’elle et qui, par conséquent, ne la touchais pas, elle me raconta, en français, cette fois, des faits que j’avais oubliés et que, seul, je pouvais savoir. Je suis donc bien obligé de supposer un élément de surnaturel se servant, en guise de truchement, d’un guéridon, d’accepter, sinon l’évocation des morts, au moins ce qui semble plus probable, l’existence constatée de larves.

Alors, il n’est pas plus surprenant, plus impossible que le Christ se substitue à la pâte d’un pain, qu’une larve furète et bavarde dans un pied de table. Ces phénomènes déroutent également les sens ; mais si l’un d’eux est indéniable — et la manifestation spirite l’est, à coup sûr — quels motifs invoquer pour nier la vraisemblance de l’autre qui a été attestée d’ailleurs par des milliers de Saints ?

Au fond, poursuivit-il, en souriant, il y avait déjà la démonstration par l’absurde, mais celle-ci pourrait s’intituler la démonstration par l’abject, car si le mystère Eucharistique est sublime, il n’en est pas de même du Spiritisme qui n’est, en fin de compte, que la latrine du surnaturel, que le goguenot de l’au-delà !