Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/40

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mystique et du sonneur de cloches de Saint-Sulpice, du breton Carhaix.

Ces affections-là n’étaient plus comme celles qu’il avaient connues, tout en superficie et en façade ; elles étaient spacieuses et profondes, basées sur des similitudes de pensées, sur des lignes indissolubles d’âmes ; et celles-là avaient été brusquement rompues ; à deux mois de distance, des Hermies et Carhaix mouraient, tués, l’un par une fièvre typhoïde, l’autre par un refroidissement qui l’alita, après qu’il eut sonné l’angélus du soir, dans sa tour.

Ce furent pour Durtal d’affreux coups. Son existence qu’aucun lieu n’amarra plus partit à la dérive ; il erra, dispersé, se rendant compte que cet abandon était définitif, que, pour lui, l’âge n’était plus où l’on s’unit encore.

Aussi vivait-il seul, à l’écart, dans ses livres, mais la solitude qu’il supportait bravement quand il était occupé, quand il préparait un livre, lui devenait intolérable lorsqu’il était oisif. Il s’acagnardait des après-midi dans un fauteuil, s’essorait dans des songes ; c’était alors surtout que des idées fixes se promenaient en lui ; elles finissaient par lui jouer derrière le rideau baissé de ses yeux des féeries dont les actes ne variaient guère. Toujours des nudités lui dansaient dans la cervelle, au chant des psaumes ; et il sortait de ces rêveries, haletant, énervé, capable, si un prêtre s’était trouvé là, de se jeter en pleurant à ses pieds, de même qu’il se fût rué aux plus basses ordures si une fille eût été près de lui, dans sa chambre.

Chassons par le travail tous ces phantasmes, se criait-il,