Page:Huysmans - En route, Stock, 1896.djvu/51

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plus accentuées, un peu plaintives même dans la voix isolée de l’homme, plus timides peut-être, mais aussi plus familières, plus joyeuses, dans l’élan pourtant contenu des gosses.

À ce moment-là, Durtal se sentait soulevé et il se criait : mais il est impossible que les alluvions de la Foi qui ont créé cette certitude musicale soient fausses ! L’accent de ces aveux est tel qu’il est surhumain et si loin de la musique profane qui n’a jamais atteint l’imperméable grandeur de ce chant nu !

Toute la messe était d’ailleurs à Saint-Séverin exquise. Le « Kyrie eleison » sourd et somptueux ; le « Gloria in excelsis » divisé entre le grand et le petit orgue, l’un chantant seul et l’autre dirigeant et soutenant le chœur, exultait d’allégresse ; le « Sanctus » emballé, presque hagard alors que la maîtrise criait l’« hosanna in excelsis », bondissait jusqu’aux cintres ; et l’« Agnus Dei » s’élevait à peine en une claire mélodie suppliante, si humble qu’elle n’osait monter.

En somme, à part des « Salutaris » de contrebande détaillés là, ainsi que toutes les églises, Saint-Séverin conservait, les dimanches ordinaires, la liturgie musicale, la chantait presque respectueusement avec des voix fragiles mais bien teintées d’enfants, avec des basses solidement bétonnées, remontant de leurs puits de vigoureux sons.

Et c’était une joie pour Durtal que de s’attarder dans cet adorable milieu du Moyen Age, dans cette ombre déserte, parmi ces chants qui s’élevaient derrière lui, sans qu’il fût troublé par les manigances des bouches qu’il ne pouvait voir.

Il finissait par être pris aux moelles, suffoqué par de