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Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/107

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— Un truc ! s’écria joyeusement Mlle de Garambois, préparons le déjeuner, pour jeudi, jour de promenade du cloître. Dom Felletin lâchera ses novices ou nous les amènera et s’il ne déjeune point, il boira au moins le café avec nous.

— Pourquoi ne déjeunerait-il pas ?

— Interdit, Madame Bavoil — si nous habitions dans un autre village, ce serait peut-être possible, en y mettant de la bonne volonté ; mais dans l’endroit même où est située l’abbaye, la règle est formelle, c’est impossible.

— Si ça ennuie le père Felletin de demander la permission, j’irai voir, moi-même, le père Abbé qui, je le sais d’avance, me répondra oui, dit Durtal.

— Entendu, et je m’en vais, car l’heure des vêpres est proche ; adieu.

Mlle de Garambois les quitta sur ces mots, mais elle eut à peine franchi la porte du jardin qu’elle revint et s’exclama :

— N’oubliez pas ce détail qui a son importance, n’ajoutez aucun sel aux graisserons ; ils sont assaisonnés d’avance !

— Soyez tranquille, gourmande, s’écria Mme Bavoil qui hocha désespérément la tête, en la regardant.

— Ce qui est pis, reprit-elle, en se tournant vers Durtal, c’est que ça vous gagne !

— Comment, ça me gagne ?

— Oui, à force d’entendre parler de bonne chère, de petits plats, vous finissez par en avoir l’eau à la bouche.

— Le comique ce serait que cela vous gagnât, vous !

Mme Bavoil eut un geste indigné, puis elle haussa les épaules, en souriant.