Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/113

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l’intérieur avait conservé le charme familier de ses vieux ans. Notre-Dame de Dijon ne possédait pas l’empreinte mystérieuse et l’attitude imposante des grandes églises sombres. Elle était claire et blanche ; elle gardait toujours quelque chose d’un mois de Marie, même pendant la Semaine Sainte  ; la disparition de ses anciens vitraux aidait peut-être à se suggérer cette impression qu’elle laissait de fête juvénile et d’aise. L’on ne pouvait évidemment comparer sa nef et ses bas-côtés à ceux des immenses cathédrales, mais elle était, en sa petite taille, svelte et légère, bien prise dans sa ceinture de piliers aux chapiteaux fleuris d’arums et de crosses retournées de fougères et, arrivée au transept, elle tentait un dernier effort, s’élançait dans le vide avec sa lanterne de pierre, reconstruite sur un nouveau plan.

Arrêtée là, au chœur, elle arrondissait derrière l’autel une abside qu’éclairait une panoplie de boucliers et de lames d’épées peintes, en verre. Aucune galerie circulaire ne permettait de déambuler autour du chœur  ; l’église était close, à la table de communion, pour les fidèles. Au bout des bras du transept, deux niches se creusaient, occupées, chacune, par un autel. — À droite, l’autel en bronze doré, couvert de fleurs et brasillant de cierges de Notre-Dame de bon espoir, surmonté d’une petite vierge d’un noir de suie, comme calcinée par les flammes des cires, vêtue d’une robe blanche et d’un grand manteau semé d’étoiles, les pieds posés sur une touffe de pampres et de raisins d’or. La statue, ainsi habillée, simulait la forme d’un triangle et prenait l’allure espagnole des madones d’un autre âge. — À gauche, un autel dédié à saint Joseph, au-dessus duquel une