Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/115

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à pignons et à châteaux-forts, dans le lointain  ; puis sur un retour du mur attenant au tableau, trois étendards, un rouge marqué d’initiales et deux blancs, blasonnés, l’un d’une écrevisse ou d’un scorpion et l’autre d’un aigle à deux têtes, flottant sur des hampes enroulées, de même que des mirlitons, de banderoles roses ou noires, l’on aura un vague aspect de ce décevant et curieux panneau.

Ce qui frappe d’abord en la singularité de son ordonnance, c’est que tous les personnages, sauf Marie et la femme en jupe rouge, absorbées par leur détresse, voient et désignent d’un coup d’œil ou d’un geste quelqu’un en l’air que, nous, nous ne voyons pas.

Le Christ évidemment, mais alors le Christ dans les nuages et avec sa croix. — Une autre conjecture pourrait paraître, au premier abord, possible  ; entre les croix des deux larrons, il y en eut peut-être autrefois une, en relief, chargée d’un christ sculpté, et cette pièce, ajustée après coup, a pu être détachée parce qu’elle gênait par sa saillie le tableau qui fut pendant des années placé dessus ; mais, en admettant que la preuve de cette supposition puisse être fournie par des documents d’archives, voire même par les traces de cette ablation qui subsistent sans doute dans le mortier rejoint et râclé des pierres, il n’en resterait pas moins à expliquer l’expression de surprise et la direction même des yeux et du geste des assistants ; et ce sont justement ces attitudes traduisant, d’une façon très exacte, l’introït de la messe de l’ascension : « hommes de Galilée, pourquoi regardez-vous au ciel avec tant d’étonnement ? » qui me semblent pouvoir contredire cette hypothèse.

Ce qui est certain, en tout cas, poursuivait Durtal,