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Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/133

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dans une cave, sans lumière, sans horizon, inhumés jusqu’à la mort, entre quatre murs.

Les reclus avaient jadis foisonné dans la vallée du Nil ; des anachorètes avaient jugé que la vie, au grand air, dans une thébaïde, dans une laure voisine parfois des oasis et qu’égayaient les clartés juvéniles des aubes et les fuites en feu des couchants, était trop débonnaire et maudissant ces attraits de la nature qui les empêchaient de trop pâtir, ils s’étaient, tels que saint Antoine, Pierre Le Galate, la vierge Alexandra, cachés dans un sépulcre abandonné  ; d’autres, comme Siméon Stylite, s’étaient enfouis au fond d’une citerne à sec ; d’autres encore, ainsi qu’Acepsimas, que sainte Thaïs, que saint Nilammon, s’étaient claquemurés en une cave percée d’un trou pour qu’on pût leur passer des aliments ; d’autres enfin s’étaient relégués dans des cavernes dont ils avaient chassé les fauves.

La réclusion qui prit, de même que le monachisme, naissance en Orient, se répandit dans l’Occident.

Le premier reclus de France dont le nom nous soit parvenu est saint Léonien qui, au cinquième siècle, s’interna dans une logette, d’abord à Autun, ensuite à Vienne ; l’on cite également, à la même époque, saint Aignan qui mourut évêque d’Orléans ; saint Eucher qui, avant d’avoir occupé le siège épiscopal de Lyon, se séquestra, en un cabanon, dans l’île de Léro. — Au sixième siècle, saint Friard et Caluppo qui se retirèrent, l’un près de Nantes, l’autre près de Clermont ; saint Léobard qui se détint dans le creux d’un roc, à Marmoutiers  ; Hospitius qui s’écroua près de Nice ; saint Lucipien qui s’enferma dans les murailles d’un vieil édifice et porta par pénitence, sur