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Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/175

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le sommeil est de sept heures, et qu’il est le même pour les uns et pour les autres.

Et puis, voyez-vous, pour juger équitablement la congrégation de Solesmes, il convient de se référer à ses origines. Dom Guéranger qui la fonda mourut à la peine, après s’être débattu, toute sa vie, dans des questions d’argent ; — et il fallait avoir l’âme robuste et gaie de ce moine pour ne jamais désespérer et poursuivre quand même son œuvre ! — Eh bien, quand il décéda, il n’était pas encore parvenu à façonner des religieux tels qu’il les concevait ; il ne réalisa son rêve qu’à l’abbaye des moniales de sainte-Cécile — et ce, grâce à Mme l’abbesse qu’il avait formée. — Il trépassa et son successeur Dom Couturier fut un homme excellent mais qui n’avait point l’empan du grand Abbé et les expulsions survinrent. Les Bénédictins vécurent dans le village, sans clôture, sans moule claustral possible. Dom Couturier disparut à son tour et, de par l’énergie et l’intelligence du nouvel abbé, Dom Delatte, les moines, rentrés dans leur monastère, reprirent un train de vie monastique.

Notez, en conséquence, les cahots des débuts, la situation des novices devenus profès, après une existence dispersée aux quatre coins d’un bourg, et avouez qu’après de telles épreuves, la congrégation de France ne s’en est tout de même pas trop mal tirée !

Il y eut un silence.

— Pardon de changer le thème de la conversation, reprit le père Felletin qui était devenu soudain grave ; mais vous m’avez troublé avec toutes vos discussions et j’oubliais que j’ai de fâcheuses nouvelles à vous annoncer.