Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/201

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devant Lui ; pleurons devant le Seigneur qui nous a créés, car c’est Lui qui est le Seigneur, notre Dieu et, nous, nous sommes son peuple et les brebis de son pâturage. »

Et le chœur reprenait : « Le Christ nous est né, adorons-le. »

Et, après l’hymne glorieuse de saint Ambroise le « Christe Redemptor », l’office solennel s’ouvrit vraiment. Il se partageait en trois veilles ou nocturnes, composés de psaumes, de lectures ou de leçons et de répons. Ces nocturnes décelaient un sens spécial. Durand, le vieil évêque de Mende du treizième siècle, les explique clairement dans son rational. Le premier nocturne allégorisait le temps écoulé avant la loi donnée à Moïse et, au Moyen-Age, l’autel était dissimulé sous un voile noir qui symbolisait les ténèbres de la loi mosaïque et la condamnation prononcée contre l’homme, dans l’éden ; — le second signifiait le temps passé depuis la loi écrite et l’autel était alors caché sous un voile blanc parce que l’Ancien Testament éclairait déjà avec les lueurs furtives de ses prophéties l’homme déchu ; — le troisième spécifiait l’amour de l’église, les grâces du Paraclet et l’autel se dérobait sous une nappe de pourpre, emblême de l’Esprit Saint et du sang du Sauveur.

L’office se dévidait, tantôt psalmodié et tantôt chanté. Il était d’un ensemble splendide ; mais la suprême beauté il la réservait plus spécialement pour le chant ou le récit de ses Leçons.

Un moine descendait de sa stalle, conduit par un cérémoniaire, devant un pupitre placé au milieu du chœur, et, là, il chantait ou récitait — on ne savait quel terme