Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/212

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— Je serai sans doute encore assez godiche pour cela, fit, en riant, M. Lampre. Au fond, n’empêche que leur petitesse d’intelligence et de sainteté m’enrage, car je les aime trop pour ne pas les vouloir plus grands et Dieu sait si les mâtins s’acharnent à ne pas pousser !

— Si on allait se coucher, dit Mme Bavoil, la nuit s’avance et il faut quand même se lever, demain !

— Aujourd’hui, ne vous en déplaise, car trois heures sonnent, répondit Durtal qui ralluma les lanternes.

— Ce M. Lampre, il est bien instruit, fit Mme Bavoil, en pataugeant dans la neige et je ne doute pas aussi qu’il n’ait bon cœur ; mais il me semble qu’il est vraiment trop mécontent des autres et pas assez de lui-même.

— Ah ! vous requérez, vous aussi, des saints. Hélas ! Le coin est quasi brisé et le grand monnayeur n’en frappe guère… çà et là, pourtant, en des retraits de province ou des fonds de villes. Il en existe certainement dans les cloîtres. J’en ai personnellement connus à la Trappe de Notre-Dame de l’Atre ; il y en a dans d’autres ascétères, mais ceux-là ne se mêlent point à la vie du dehors et comment les connaître puisque ce sont justement ceux que l’on ne voit point ?

L’un d’eux, que l’on vit beaucoup pourtant, serait récemment décédé dans un couvent Bénédictin de la Belgique, reprit Durtal, après un silence ; mais les renseignements que l’on m’a fournis sur son compte sont contradictoires ; ne les acceptez donc que sous bénéfice d’inventaire.

Ce moine, le P. Paul de Moll aurait été l’un des plus extraordinaires thaumaturges de notre temps. Il guérissait,