Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/211

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une femme dissolue qui le trompa. Le pauvre prince s’aperçut de son malheur et se tut ; mais la princesse, irritée de se voir découverte, l’assassina. Aussitôt des miracles éclatèrent sur sa tombe. Elle s’en moqua, disant qu’elle s’en fichait comme une de ces choses que l’on attribue si malhonnêtement aux nonnes, oui, une sorte de beignet, vous comprenez. Et elle fut immédiatement punie par un châtiment approprié aux termes mêmes de son mépris. Tant qu’elle vécut, elle s’éperdit en des fuites sonores — et cela sans arrêt, raconte placidement la joyeuse Hrotsvitha.

— Cela prouve, dit Durtal, — en admettant que les œuvres de cette moniale ne soient pas apocryphes, — la gaieté simple des cloîtres Bénédictins du dixième siècle. Remarquez d’ailleurs que les plaisanteries scatologiques sont encore chères aux gens d’église et c’est assez naturel ; les autres, celles sur les femmes, qui délectent les laïques, aux fins de repas, entre hommes, leur sont interdites ; ils se rattraperont donc sur celles-là qui ne sont ni plus malpropres, ni plus sottes, d’ailleurs ; — et elles ont au moins cet avantage d’être innocentes.

— L’ingénuité un peu barbare fut un des charmes des abbayes d’antan ; allez donc trouver aujourd’hui cette qualité-là dans nos monastères ! Reprit M. Lampre.

— J’aurais été surprise si vous n’aviez pas encore bêché nos moines, dit Mlle de Garambois ; heureusement, poursuivit-elle, en souriant, que ces débinages ne sont que les blasphèmes de l’amour et que vous serez encore trop content, si les Bénédictins viennent à être chassés d’ici, de vous mettre en quatre pour leur rendre les services dont ils auront besoin.