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emblème, car tous les exégètes sont d’accord pour reconnaître dans cette scène le symbole de l’Eucharistie.

Il est avéré que l’Ancien Testament préfigure le nouveau, mais ne pourrait-on admettre aussi que certains passages des évangiles préfigurent, à leur tour, d’autres des mêmes livres ? Les noces de Cana ne sont, en effet, que l’image avant la lettre de la cène. Le premier miracle produit par le messie, au début de sa vie publique, annonce celui qu’il accomplira, la veille de sa mort ; et l’on peut même observer qu’ils se reflètent, l’un l’autre, en une sorte de miroir à l’envers, car saint Jean qui écrivit son évangile pour confirmer et compléter l’œuvre de ses devanciers, saint Jean dont le livre est postérieur à ceux de saint Matthieu, de saint Marc et de saint Luc, est le seul qui relate ce miracle. Les autres n’en parlent pas et, lui, par contre, se tait sur la transsubstantiation du pain et du vin pendant la cène. Il y a en cette histoire, une interversion étrange ; c’est le dernier des évangélistes qui anticipe sur les premiers, qui montre, voilée ainsi que dans l’Ancien Testament, la figure du sacrement que dévoilèrent les synoptiques.

Mais, poursuivait Durtal, les noces de Cana suggèrent encore d’autres remarques. De même que nous avons vu le rédempteur pratiquer, en cette scène, son premier miracle, de même nous voyons Marie user, pour la première fois, de son droit de médiatrice et intercéder pour les nouveaux enfants qu’elle adoptera, au pied du Calvaire, pendant que son fils, étendu sur le lit de la croix, engendrera l’église.

Et elle n’attendit pas que les temps prescrits fussent révolus ; dans son impatience, elle devança l’heure et