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Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/225

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Écritures, manifeste son pouvoir divin, avant l’époque qu’il paraissait s’être fixé, à propos d’un banquet, pour égayer des convives, pour un motif insignifiant, pour une chose qui ne semble vraiment pas en valoir la peine.

Son premier mouvement lorsque la sainte vierge lui dit : « ils n’ont pas de vin » est le mouvement de recul d’un homme pris à l’improviste et qu’une demande indiscrète gêne ; et il répond : « Femme, qu’est-ce que cela peut bien nous faire ? Mon heure n’est pas venue. » Et Marie, d’habitude si attentive à deviner ses moindres désirs, à obéir à son moindre gré, ne l’écoute même pas. Elle laisse sa réflexion sans réponse et s’adresse aux échansons pour les avertir qu’ils aient à exécuter les ordres que va leur donner son fils.

Et Jésus ne refuse pas, dès lors, de réaliser le miracle et il change l’eau en vin.

Cette scène, unique dans les évangiles, où l’on voit la vierge se dispenser de l’assentiment de Jésus et lui forcer en quelque sorte la main pour obtenir de lui ce prodige qu’elle réclame, est extraordinaire si l’on en extrait le sens symbolique qu’elle recèle.

Il ne s’agit pas, en effet, de contenter les convives dont l’appétit est déjà repu, en les régalant d’un vin plus savoureux que celui qui leur fut jusqu’à ce moment servi ; il ne s’agit pas non plus du mariage d’un homme et d’une femme dont saint Jean n’a même pas cru nécessaire de noter les noms ; il s’agit de l’union entre Dieu et l’église, des joies nuptiales de notre-seigneur et de l’âme ; et ce n’est pas l’eau qui se métamorphose en vin, mais bien le vin qui se transmue en sang.

Ces noces de Cana ne sont qu’un prétexte et qu’un