Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/241

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peu du vieux neuf ; à Dijon, tout est restauré, depuis le Jacquemart, les marmousets, les fresques de Notre-Dame, les façades et les nefs des autres églises, jusqu’aux mausolées des ducs de Bourgogne et aux retables ; mais, n’importe, pour être juste, quel abri délicieux que cette salle des gardes, avec ses tombeaux et ses peintures, — avec sa tapisserie du siège de Dijon, dont les roses fanées et les indigos durcis, saillant de la teinte bleuâtre des laines, sont une caresse pour l’œil, — avec sa haute cheminée gothique dont le panneau de fermeture est le dossier armorié du siège de Jean Sans Peur.

Il quitta le musée et, en deux pas, il fut sur la place saint Etienne au bout de laquelle s’érige l’église de saint Michel.

Celle-là exhaussait une façade de la renaissance, et des tours encadrées de contreforts et des coupoles octogones, surmontées de boules d’or, qui ressemblaient, vues d’en bas, à deux oranges. Encore qu’il ne raffolât point de ce style, Durtal devait bien se dire que cette église était un des plus purs spécimens du genre ; elle avait subi moins de mésalliances que tant d’autres, devenues des métis dont la filiation restait obscure. Celle-là, du dehors, au moins, avait de la race. Au dedans, c’était autre chose, elle était de style ogival et de nombreuses innovations y avaient été insérées après coup ; elle possédait, en tout cas, à gauche, une petite chapelle de la vierge, un peu hétéroclite avec ses vitres qui représentaient de vagues sybilles et des anges à écussons, une chapelle néanmoins intime, où l’on pouvait en paix se recueillir.

Mais Durtal n’avait pas, ce jour-là, le temps d’y