Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/242

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séjourner. Il s’occupa de ses emplettes et rejoignit, après s’être allé lire les journaux dans un café, la gare.

Si les nouvelles précises qu’il cherchait sur la loi des congrégations étaient, ce matin-là, quasi nulles, par contre, les articles de la presse maçonnique débordaient d’injures sur les religieux et les nonnes. Elle poussait furieusement à la roue, exigeait du gouvernement qu’il exterminât les écoles congréganistes et dispersât, en attendant mieux, les cloîtres ; et les diatribes sur les jésuitières, sur les milliards des frocards et des cornettes, se succédaient en un style de voirie, en une langue de terrain vague.

Il est impossible que les vassaux de ces éviers ne soient pas des roussins ou des adultères, des défroqués ou des larrons, car l’étiage de la haine contre Dieu est, pour chacun de ces gens, celui de ses propres fautes ; n’exècre l’église que celui qui craint ses reproches et ceux de sa conscience. Ah ! si l’on pouvait ouvrir l’âme de ces homais en délire, ce qu’on découvrirait, dans l’amalgame de leur fumier de péchés, d’extravagants composts, se disait Durtal, en se promenant sur le quai.

Deux moines sortirent à ce moment d’une salle d’attente, le P. Emonot, le zélateur et le p. Brugier, le cellerier.

— Ah ! ça, firent-ils gaiement, en serrant la main de Durtal, tout le monde est donc à Dijon aujourd’hui, et aussitôt, ils s’entretinrent de mgr Triaurault dont les infirmités s’aggravaient et qui était décidé à donner sa démission et ils citaient les candidats possibles : l’abbé Le Nordez ou un curé de Paris ; puis ils causèrent du nouveau