Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/256

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— Ce n’est guère vraisemblable, répondit Dom de Fonneuve. Le père abbé est en Italie, au Mont Cassin où, comme vous le savez, l’un de ses frères est profès ; et de là, il doit se rendre à Rome pour y voir le Primat ; il ne sera donc pas ici, avant une quinzaine.

Le curé qui craignait que les moines ne lui jetassent des bâtons dans les jambes, en mettant le révérendissime au courant de ses manigances, s’en fut, rassuré, décidé, du reste, à se réconcilier avec tout le monde, avant le retour de Dom Bernard.

Pendant ce temps, Durtal se préparait par quelques jours de retraite, à son oblature. Il passait alternativement entre les mains de Dom Felletin, le maître des novices et de Dom d’Auberoche, le cérémoniaire.

L’un l’interrogeait sur la règle de saint Benoît et l’autre qui entendait que la cérémonie d’oblature fût impeccable, le contraignait à saluer et à marcher dans tous les sens. Il aurait voulu que Durtal chantât, par trois fois, en haussant, chaque fois, la voix d’un ton, l’essentiel « Suscipe me, Domine, secundum eloquium tuum et vivam et non confundas me ab expectatione mea », accompagné du Gloria Patri, répété par tout le chœur. Ce verset du psaume 118 prescrit, pour la profession de ses moines, par saint Benoît, lui-même, dans le chapitre 58 de sa règle, était admirable lorsqu’il était revêtu de sa robe très simple de plain-chant. Il était timide et suppliant jusqu’à sa médiante, puis il s’élevait plus rassuré, toujours implorant mais plus ferme ; et, à chaque fois, il s’enhardissait, encouragé par l’accent résolu, sûr, des religieux le reprenant, affirmant à leur nouveau frère la certitude