Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/260

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dans la communauté que dans le monde, suivant régulièrement les exercices religieux des moines.

Ainsi comprise l’oblature est pratique surtout pour les artistes ; elle leur donne l’appui des grâces monastiques, l’aide même du patriarche et elle leur laisse toutefois une certaine liberté ; et, à ce propos, je dois le confesser, il y aurait, selon moi, tout avantage pour un artiste à ne pas résider dans la clôture de l’abbaye mais à sa porte. Fatalement, en effet, avec l’internement même mitigé, une sujétion s’impose et pour peu que l’abbé ou que le père, chargé de la direction des oblats, ait des idées arrêtées en esthétique et quelles idées souvent ! C’est le conflit et, au nom de l’obéissance, l’étouffement de la personnalité, la mort de l’art.

L’échec de l’abbaye de Beuron est, à ce point de vue, typique. On a voulu enfourner tous les peintres que détenait le couvent dans le même moule et l’on a tué le talent de chacun, pour ne produire que des peintures similaires, conçues d’après une formule unique, et destinées par cela même à devenir, au bout de peu d’essais, des rengaines.

La question se résume donc pour moi ainsi : direction spirituelle, énergique, de la part du religieux maître de l’oblature, et abstention pour tout le reste.

Maintenant, à titre de document, je vous signale une tentative bien oubliée — la plupart même des nôtres l’ignorent-qui eut lieu à Solesmes, sous le gouvernement de Dom Couturier.

Cet Abbé avait rêvé de rénover l’enluminure, cette gloire des abbayes Bénédictines d’antan ! Il possédait justement, avec M. Cartier, à demeure dans le cloître,