Aller au contenu

Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/263

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vie et c’est une existence d’être retiré déjà du monde, qu’il vous faudra désormais mener. Puisse-t-elle être douce et vous contenter ; puisse-t-elle surtout être agréée par les sacrifices qu’elle exige, du Tout-Puissant, là-Haut !

Alors, c’est bien convenu, n’est-ce pas, la cérémonie aura lieu pendant la messe de six heures et ce sera, au moment de l’offertoire, que vous vous lierez, par une cédule qui sera conservée dans les archives de l’abbaye, au grand ordre de saint Benoît.

— C’est entendu, père, priez pour moi.

— Vous pouvez y compter, mon cher enfant, et mes prières ne seront pas isolées, je vous l’affirme. Tous les petits novices qui se réjouissent d’avance d’être présents à cette messe ne vous oublieront pas.

Allons, le sort en est jeté, songea Durtal, en quittant la cellule du père ; à dire vrai, je ne me sens pas un bien éclatant mérite à repousser ce qu’on appelle les blandices terrestres ; j’ai répudié, de moi-même et depuis bien des années, tout ce qui flatte le goût des autres ; mais voilà, jusqu’ici, je n’y étais pas forcé, j’agissais de mon plein gré ; n’est-il pas à craindre maintenant, étant donnée la bêtise de la nature humaine, que par ce fait seul que j’ai souscrit à un engagement, je ne souffre d’être obligé de le tenir ?

Eh bien, tant mieux, ces mérites que je n’ai pas, je les acquerrai si je subis des jours de tentations et de regrets !

C’est égal, reprit-il, en allumant une cigarette, il convient d’avouer que, comme descendant des oblats des premiers siècles, je suis plutôt débile. L’ermite du Mont