Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/288

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qu’il gîtait dans le clapier soupçonneux du sénat ; et il a signé la loi et il s’en lave les mains ; je serais vraiment curieux de savoir quel est le sacerdoce qui ose l’absoudre quand il se confesse pour faire ses pâques !

— Que peut-il bien raconter au Seigneur, ce M. Loubet, lorsqu’il le prie, demanda Mme Bavoil ?

— Eh bien mais, il lui demande de lui conserver sa place, d’aider à la parturition de ses bonnes valeurs ; il le supplie de protéger ses enfants afin qu’ils deviennent d’intrépides chrétiens, tels que lui.

Comme il n’entretient pas de danseuses, il se juge un honnête homme, car il est probablement pareil à la majorité des catholiques pour laquelle, seul, le péché de la chair compte ; d’autre part, il s’estime peut-être charitable, car il a sauvé de la prison les tranquilles fripouilles du Panama ; sa conscience est donc sans scrupules, sans reproches et il vit, honoré par les siens, en paix.

Il se dédouble, du reste, car s’il reconnaît à Dieu le droit de s’occuper de l’homme privé, il estime que l’autre, l’homme politique, est à part et ne le regarde pas ; n’est-il point, d’ailleurs, une simple machine à écrire ? On appuie sur les touches et le mot Loubet se forme. Si le Christ n’est pas content, ce n’est pas à lui, mais à Trouillot, à Monis, à Millerand, à Waldeck-Rousseau, qu’il devra s’en prendre, car ce sont eux qui manipulent le clavier, et tracent, en bas des décrets, son nom.

Puis, une fois cette besogne terminée, ce père de famille qui interdit aux pauvres de donner à leurs enfants une éducation religieuse, appelle le curé de Saint-Philippe du Roule, — lequel dit, tous les dimanches, la