Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/289

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messe à l’Elysée, — pour lui recommander de bien enseigner à sa progéniture le catéchisme et il palpe avec une certaine fierté le chapelet de luxe que sa sainteté le Pape a offert, en récompense sans doute de ses vertus, à cette autre excellente catholique qu’est Madame sa femme.

— Mais, notre ami, c’est le portrait tout craché du pharisien que Notre-seigneur a tant honni, que vous nous dessinez là.

— Avec ressemblance garantie, j’en ai peur, Madame Bavoil.

— Enfin, tout n’est pas désespéré, Rome peut encore intervenir.

— Pourquoi faire ? Aucun pape n’a plus que Léon XIII aimé la France ; harcelé, il faut bien le dire, par les catholiques qui, dénués de toute initiative, lui réclamaient, à propos de n’importe quoi, des instructions, il a cru nous rendre service en s’immisçant dans nos affaires et, mal renseigné et certainement trompé sur l’état de notre pays, il s’est imaginé qu’il apprivoiserait ce volatile, mâtiné de vautour et d’oie qu’est la république des juifs et des athées ; hélas ! Elle a percé à coups de bec les mains qu’il tendait pour la caresser ; il ne s’est néanmoins pas découragé ; il a disputé, pied à pied, les quelques libertés religieuses demeurées intactes et il a subi, en échange, des nominations d’évêques indignes, des injures et des menaces. Naturellement, plus il se montrait paternel, et plus l’ennemi devenait arrogant ; cela nous a mené à la loi des congrégations ; il a tenté alors un dernier effort, en laissant entendre que si l’on touchait aux ordres, il retirerait le protectorat des œuvres de