Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/291

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de rien, au point de vue politique, c’est possible ; mais, au point de vue moral, c’était immense. Cela prouvait qu’il subsistait encore une justice ici-bas ; Rome fulgurait comme un phare allumé dans cette nuit qui envahit le monde et les peuples en désarroi eussent pu au moins se tourner de ce côté et croire que le représentant du Christ sur la terre était avec eux, pour eux, contre les gredins couronnés et les démagogues.

Pour des motifs évidemment péremptoires, sa sainteté qui a dû pleurer des larmes de sang de ce mutisme obligé, s’est tue. Ah ! le pauvre Pape !

— Le fait est, dit Mme Bavoil, que l’existence de Léon XIII, interné dans le vatican, spolié d’un pouvoir temporel auquel il a droit, n’est depuis de longues années qu’un Calvaire !

— Hélas ! — Pour en revenir maintenant aux épreuves que lui inflige celle de ses filles qu’il aime le plus, la France, que va-t-il décider ? Aujourd’hui, que la partie qu’il a jouée contre les francs-maçons est perdue et que le pillage de son patrimoine spirituel s’annonce, va-t-il se redresser et, en un réveil foudroyant, frapper d’excommunication, retrancher de l’église, vouer à la malédiction jusqu’en leurs derniers descendants, Loubet, Waldeck-Rousseau, Trouillot, Monis, tous les députés qui ont voté la loi et tous les sénateurs qui la voteront. Ce serait tout de même un soulagement pour ces malheureux catholiques qui se voient lâchés par leurs chefs dans les grandes largeurs et je vous assure que les interdits riraient moins qu’on ne pense de ce châtiment, car ce sont sur les familles, nominativement désignées dans les bulles, des amas de maux que ces anathèmes fulminés attirent !