Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/293

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Jérusalem qui devait, quelques jours après, dans des clameurs de rage, le trucider.

Et dès que la marche glorieuse était avec la procession des rameaux finie, l’angoisse du Christ et de son église reprenait aussitôt avec la messe pour ne plus cesser qu’avec les pâques ; déjà la lecture de la passion commençait avec saint Matthieu pour continuer, le mardi avec saint Marc, le mercredi avec saint Luc, le vendredi avec saint Jean.

Et, en les entendant, Durtal jaillissait, transporté hors de lui-même par ce chant étrange et pénétrant ; c’était une sorte de mélopée courant dans le récit, revenant avec des retours flottants de ritournelles ; ce chant était monotone et angoissant et presque câlin, aussi ; et cette impression de bercement et de peine, on l’éprouvait également pendant les lamentations de ténèbres, chantées sur quelques tons à peine, variant avec les points, les points d’interrogations, les arrêts du texte.

Ces cantilènes avaient dû être recueillies, en partie, dans les plus anciens antiphones du peuple juif. Le courant gréco-romain auquel la paléographie de Solesmes rattache l’origine du plain-chant se faisait moins sentir que le courant hébraïque en ces mélopées qui rappelaient, dans le chant des lettres, avec leur côté languide et cadencé, les mélodies à la fois ingénues et subtiles de l’Orient.

Elles remontaient certainement, en tout cas, à la plus haute antiquité ; et les réparations que leur trame avait subies au dix-septième siècle et depuis, n’en avaient altéré ni la couleur, ni les contours ; elles étaient merveilleusement assorties aux offices qui, eux aussi, dataient des