Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/296

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Après l’epître courte de saint Paul, le sous-diacre se présenta devant l’abbé debout au trône et lui annonça la résurrection de l’alleluia. Et l’abbé le chantait, joyeux de la bonne nouvelle, par trois fois et, trois fois, le chœur répondait un alleluia encore un peu timide, hésitant à prendre son vol ; puis, après le credo, à l’offertoire, on amenait jusqu’à la barre de communion l’agneau paschal, paré de rubans et de fleurs.

La pauvre bête que tirait le père hôtelier et que poussait par derrière le père cuisinier, regimbait ; elle regardait, défiante, cherchant à fuir, cet homme, vêtu d’or qui s’avançait du fond du chœur, escorté d’une nombreuse suite, pour prier au-dessus d’elle et la bénir ; elle semblait avoir le pressentiment que tant de déférence pour sa pauvre personne, finirait mal.

Ce samedi saint était, le matin, interminable. Commencé à huit heures, l’office s’achevait à peine vers les midi ; mais Durtal était heureux ; il quittait les rangs liturgiques, quand la cérémonie s’alentissait et il s’évaguait, seul, errant sur les traces de Jésus et de sa Mère.

Oui certes, se disait-il, songeant à la Vierge sur laquelle, dans cette période de larmes, les ecritures sont si brèves, oui certes, le moment où elle se tint au pied du Calvaire fut atroce : la transfixion prédite par le vieillard Siméon se réalisait, mais le glaive des douleurs ne s’enfonça pas dans sa poitrine, d’un coup. Il tâtonna d’abord et il y eut dans les souffrances de Marie un instant qui dut être particulièrement affreux, celui de l’attente, du temps qui s’écoula entre l’arrestation et la condamnation de son fils ; ce fut alors l’entrée de la