pointe perçant la chair, s’y remuant, évasant la plaie, sans plus y pénétrer.
Cette attente a duré 11 heures. Jésus a été, en effet, arrêté et ramené à Jérusalem, le jeudi soir, vers 11 heures. Le vendredi, il a été traîné d’Anne à Caïphe, de minuit à 2 heures du matin, conduit chez Pilate vers 6 heures, transféré chez Hérode à 7 heures, bafoué, flagellé, couronné d’épines, condamné à mort de 8 à 10.
La sainte vierge savait que Jésus devait périr. Elle même avait consenti à sa mort et elle l’eût même sacrifié de ses propres mains, dit saint Antonin, si le salut du monde l’eût exigé ; mais elle n’en était pas moins femme. Elle eut toutes les vertus à un degré héroïque, elle posséda les dons les plus parfaits de l’esprit, elle fut la plus sainte des vierges. Elle fut unique, mais elle n’était pas déesse, elle n’était pas Dieu ; elle ne pouvait pas échapper à sa condition de créature humaine et, par conséquent, ne pouvait s’empêcher d’être torturée par les anxiétés de l’attente.
L’eût-elle pu d’ailleurs, qu’elle eût imité son fils qui mit en quelque sorte en suspens sa divinité sur la croix pour mieux pâtir et qu’elle eût demandé et obtenu de s’infliger l’âpre tourment des expectatives déçues.
Ce que furent ces heures d’attente, on se l’imagine mal.
Génitrice d’un Dieu, fille et épouse du seigneur et sœur des hommes dont elle devait devenir aussi la mère, une mère enfantée, au pied d’un gibet, dans des flots de sang, elle greffait, les unes sur les autres, toutes les douleurs des parentèles ; mais elle pleurait surtout la perversité de cette race abominable dont elle était issue