Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/304

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tapissée de violettes ; les bourgeons des marronniers jaillissaient, en pointes d’un brun gommé, des branches encore noires ; les arbres fruitiers étaient en fleurs et les cerisiers et les pêchers étaient saupoudrés, les uns d’une neige blanche et les autres d’une neige rose ; après les nudités sinistres de l’hiver et la fatigue des prières absorbées à doses massives pendant la semaine, c’était, en effet, un immense allègement que celui de ce printemps et de cette Pâques !

Et cette impression, tous l’éprouvaient, jusqu’au curé qui se trémoussait, les jambes en l’air, devant la cheminée où un reste de fagot brûlait.

Et, subitement, sur un mot du P. Abbé, devenu soucieux, toute gaieté tomba.

Après l’entretien obligatoire des convives sur la beauté de la cérémonie et l’ampleur des chants, l’abbé s’adressant à M. Lampre et à Durtal, avait cité les paroles de l’évangile de saint Luc : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette pâques avec vous, avant de souffrir. » — et, tout le monde écoutant, — il avait ajouté : l’an prochain, à pareille heure, où serons-nous, avec qui mangerons-nous l’agneau paschal ?

— Ô père, dit Durtal, êtes-vous donc décidé à nous quitter ?

— Décidé ? Je ne puis rien décider encore ; il faut d’abord attendre que la loi soit votée par le sénat ; c’est une affaire de quelques mois ; puis il sied aussi de connaître, avant d’adopter une résolution, le sens des instructions que le Pape nous adressera.

— Et s’il ne vous en envoie pas, fit M. Lampre, ou plutôt s’il ne vous en envoie que d’imprécises et de