Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/328

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autrement puissant, autrement sûr, que les fers qui ne s’assimilent point et les autres drogues ; on l’interdit aujourd’hui aux gens qui se plaignent de maux d’estomac et nos pères l’employaient au contraire pour la cure de ces maux, témoin Erasme qui relate que l’on guérissait, de son temps, ce genre d’affections avec des doses réfractées de vieux Beaune ; la vérité est que notre-seigneur a justement choisi, pour nous les signaler et pour les anoblir, les deux substances qu’il jugeait les plus précieuses et qu’il destinait à assurer la santé du corps et de l’esprit : le pain et le vin ; aussi est-ce faire fi de ses enseignements, que de n’en pas user !

— Bien, mon oncle, mais il existe encore un autre point de vue que vous me paraissez négliger, le point de vue liturgique ; vous reconnaissez avec moi, n’est-ce pas, que l’idéal de Cluny, de célébrer les louanges de Dieu avec pompe, de lui dédier ce que nous avons de plus beau et de meilleur, est un idéal légitime et magnifique et, comme dirait notre frère Durtal, surélevé…

Elle se tut, attendant de son oncle un signe d’approbation.

Mais, sentant qu’elle préparait de loin une attaque, il resta impassible.

Elle reprit, considérant ce silence tel qu’une adhésion.

— Ne vous semble-t-il pas dès lors que le vin présenté au sauveur pour transsubstantier son précieux sang devrait être, lui aussi, à l’avenant des cérémonies liturgiques, du luxe et du confort dont on l’entoure, en notre ordre ; par conséquent les plus admirables crus des vins blancs devraient être distribués aux moines pour le