Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/332

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— Le père Paton, qui est-ce ? Jamais on ne le rencontre. Il paraît aux heures canoniales puis s’en va par la porte de la sacristie ; personne n’a de rapport avec lui.

— Le père Paton est un ancien curé, très fort en viticulture, un cénobite macéré, dur, comme il serait désirable qu’il y en eût beaucoup au Val des Saints ; il est, au demeurant, un excellent homme qui trime, du matin au soir, ainsi qu’un paysan, et qui, à cause même de son genre de travail, vit très à l’écart. J’ajoute qu’il a des vertus laïques, c’est-à-dire qu’il ne dénonce pas ses confrères et ne considère point la délation, telle qu’une vertu… nous aurons en lui un directeur rugueux mais dévoué, aimant vraiment les âmes…

— Ah ! vous me versez du baume dans le cœur ; peut-être que l’on pourrait alors ne pas partir. Si vous saviez combien cette perspective d’aller à Paris ou je ne sais où, devient maintenant, pour moi, un cauchemar !

— Attendez, cela tournera mieux que vous ne croyez ; vous verrez que nous nous en tirerons.

— Au fond, mon oncle, c’est vous qui tenez la clef de la situation, dit Mlle de Garambois.

— Oui, en partie, du moins ; je suis le paravent, un paravent blindé de procédure ; et je vous jure qu’il faudra déchaîner une sacrée brise pour l’abattre.

— J’ai visité, une fois, pendant une promenade, la vigne des pères, reprit Durtal. Elle est spacieuse et bien située ; ils fabriquent avec des vins de messe ?

— Oui, pas mauvais, d’ailleurs. Le coteau sur lequel le vignoble est placé est un sol argilo-calcaire, coloré de rouge par des oxydes de fer ; il ressemble à la terre