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Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/361

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pour ceux qui seraient en mesure d’y assister — et Complies pour tout le monde, le soir.

Je ne me dissimule pas cependant que, par cela même qu’elle serait rédemptrice et vraiment propre, cette œuvre aurait des chances d’encourir toutes les haines, mais il me paraît impossible qu’en dépit de toutes les railleries, de toutes les mauvaises volontés, elle ne prenne pas corps, un jour, car elle est, comme on dit, dans l’air ; il y a trop de gens qui l’attendent, qui la convoitent, trop de gens qui ne peuvent, à cause de leurs occupations, de leur état de santé, de leur genre de vie, s’interner dans les cloîtres, pour que Dieu n’instaure pas un havre de grâce, un port, où s’amarreraient ces âmes qu’obsèdent des appétences monastiques, des désirs de vivre hors du monde et de travailler près de Lui et pour Lui, en paix.

Je rêve tout éveillé, se dit Durtal qui consulta sa montre et se dirigea vers la gare. Avouons que le moment est mal choisi pour songer à fonder ou plutôt à imaginer un couvent, alors que justement les chambres s’acharnent à exterminer toutes les compagnies et tous les Ordres.

Eh mais, reprit-il, en cheminant, il n’est peut-être pas si mal choisi que cela ! — dame, raisonnons. Je suis de plus en plus convaincu que la loi sur les congrégations ne sera pas abrogée d’ici à bien des années-que deviendra alors l’institut des Bénédictins qui se sera, lui-même, banni de France ? Aura-t-il les reins d’âme suffisants pour supporter l’exil ? Je veux le croire. Pourra-t-il se recruter à l’étranger où déjà d’autres abbayes de la même famille existent ? J’en doute. En