Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/383

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D’autre part, cette armée de saints élevés à la dignité du « Double » repousse également les services de la férie et, avec ce système, des offices magnifiques du temps cèdent le pas aux messes ordinaires du commun ; l’on ne dit plus, des messes du dimanche, que les commémoraisons et l’évangile, et de même pour les vêpres ; l’on répète à satiété les mêmes psaumes et l’on finit par avoir les oreilles saturées par les éternelles antiennes de « l’Ecce sacerdos magnus » des confesseurs pontifes et du « Domine quinque talenta » des non pontifes. Ainsi que le fait justement observer Mgr Isoard, sur les cent cinquante chants dont se compose le psautier, l’on n’en débite plus habituellement qu’une trentaine.

Cette monotonie engendre la routine et la récitation du psautier devient, dans ces conditions, une endosse, une corvée.

— Il y a trop de saints ! s’exclama Durtal, en riant.

— Hélas ! Il n’y en aura jamais assez ! Mais une révision de leurs grades s’impose, une réforme qui rétablirait l’équilibre rompu, d’une part, entre les différentes catégories des célicoles et, de l’autre, entre les féries et les saints.

Ah dame, reprit le moine, après un silence, nous sommes loin du bref des temps primitifs. Pour ne pas remonter plus haut que Charlemagne, des mois tels que mars avaient deux fêtes et avril quatre ; d’autres, plus chargés, ainsi que janvier et août, en possédaient onze. Ce que les élus que l’on adule se sont multipliés depuis !

— Avouez, père, qu’il est tout de même drôle, lorsqu’on y songe, cet enrégimentement des saints. Ils sont