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Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/397

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doivent appeler la persécution et non la fuir ; est-ce que les Carmélites de Compiègne n’ont pas été envoyées par le tribunal révolutionnaire de Paris à l’échafaud ? Ont-elles eu peur, ont-elles décampé, celles-là ?

— Vous devenez belliqueuse, madame Bavoil ; qu’est-ce qui vous prend ?

Mais sans répliquer, Mme Bavoil s’assit sur une chaise et continua :

— Je suis exaspérée par ce que je lis. Ah ! Jeanne de Matel avait raison de dire que l’on gagne Dieu en se perdant. Si ces moniales s’étaient perdues en lui, elles attendraient, impassiblement, qu’on les chassât.

Celles-là détalent, vos Bénédictins aussi ; et les Chartreux, les Dominicains, les franciscains, les trappistes, les Bénédictins de la pierre-qui-vire, sollicitent l’autorisation. Pourquoi ces différences ?

— Je n’en sais rien. Le Pape a permis, sous certaines réserves, de se conformer à la loi ; les instituts qui s’y soumettent ne peuvent donc avoir tort, mais je m’imagine aussi que ceux qui refusent d’obéir à d’iniques édits ont raison.

— C’est une réponse de Normand, notre ami ; puisque Rome consent, pourquoi des ordres se montrent-ils plus papalins que le Pape ?

— Allez le leur demander ; mais puisque vous désirez savoir mon opinion très franche, la voici : je pense que, sauf pour des œuvres de bienfaisance que le gouvernement est incapable de remplacer, les pétitions des couvents seront rejetées en bloc par les chambres et je ne vois pas dès lors qu’il y ait lieu pour des moines de s’infliger de vaines et d’humiliantes démarches…