Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/414

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Tous les moines ayant répondu Amen, le révérendissime, en tête du chapitre, se retira.

Cette cérémonie devait se compléter, le lendemain matin, à la grand’messe où, après l’antienne de la communion, suivie du veni creator, l’abbé imposait la coule au novice qui allait ensuite accoler ses frères les novices, et s’installer à la place qu’il devait désormais occuper au chœur.

Cette solennité préliminaire du « mandatum » était toujours touchante par cette prosternation d’un abbé aux pieds de l’enfant qu’il accueillait, parmi les siens ; Durtal y avait assisté, nombre de fois, mais dans les circonstances où celle-ci se produisait, la veille d’un départ pour l’exil, elle devenait singulièrement émouvante.

Il ruminait ces réflexions sous les arcades du cloître, quand le P. Ramondoux vint l’aviser que l’abbé l’attendait pour l’entretenir.

Il monta au premier étage où était située la chambre du révérendissime. Elle ne différait de celles des autres que parce qu’elle possédait, en sus, un petit cabinet à peu près noir, dans lequel était un lit de fer semblable à tous ceux de la communauté ; le reste était aussi minable : murailles badigeonnées au lait de chaux, bureau peint en noir, chaises et fauteuil de paille, armoire de bois blanc et sur la cloison, une croix de chêne sans Christ, et la vierge en couleur de beuron sous passe-partout.

Dom Anthime Bernard serra la main de Durtal qui baisa son anneau et il lui dit, lorsqu’ils furent assis :

— Mon cher enfant, voici près de deux années que vous vivez près de nous et avec nous ; tous vous aiment