Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/422

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opinion était que les Bénédictins auraient dû se soumettre à la loi et continuer à se laisser gruger par eux.

La difficulté était d’organiser, pour cette dernière fête, une grande cérémonie ; car le personnel était restreint. L’on y parvint cependant ; le tapis de smyrne, le prie-Dieu vert, les draperies tendues d’habitude derrière le siège abbatial et de chaque côté de l’autel, étaient déjà emballés. On les compensa par des caisses d’arbustes et des fleurs. Le trône abbatial se détacha sur un fond de verdures et les reliques qui n’étaient pas encore serrées étincelèrent aux feux des cierges. Le père Emonot fut promu maître des cérémonies, Dom Paton et un autre moine assistèrent comme diacre et sous-diacre l’abbé ; le porte-crosse, le porte-mitre, le porte-bougeoir furent triés parmi les jeunes novices et le porte-queue fut un convers. Le rôle de céroféraires fut confié à des enfants de chœur et il demeura entendu que les frères Gèdre et Blanche qui avaient de jolies voix remplaceraient deux des chantres absents et se tiendraient, habillés, au chœur.

Et la cérémonie se déroula avec les vestiges de son ancienne splendeur, l’abbé, en cappa-magna, bénissant les fidèles, à son entrée, avant que de célébrer, lui-même, la messe.

La messe était belle, d’une liturgie singultueuse, dressant, à son entrée, la croix, entre la sainte vierge et saint Jean et le chant du stabat ouvrait, au bout du graduel, une échappée sur la colline du Calvaire. Il n’était pas de séquence plus touchante, car celle-là était, en quelque sorte, la Madeleine des proses ; elle arrosait de ses larmes les pieds de la mère, ainsi que la Madeleine