Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/449

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que je suis coupable, c’est que je le suis. Ah ! Il ne badine pas, notre père zélateur, mais s’il est si sévère, c’est qu’il veut nous épurer et, vous savez, si l’on écoutait avec soin ses conseils, si l’on consentait très réellement à se mortifier, l’on finirait par devenir un vrai moine.

— Mais il me semble, petit frère, que vous les suivez, ses conseils.

— Mal ; quand je me crois innocent et qu’il me punit, j’ai, tout au fond de moi, un premier mouvement de révolte. Je le réprime après, mais je ne l’ai pas moins eu. Je subis mais je n’envie pas l’humiliation ; ce qui vous montre combien j’ai peu tué le vieil homme et combien je suis loin des préceptes de Notre Sainte règle qui dit dans le Chapitre V sur l’obéissance, que si « le disciple se soumet de mauvaise grâce, s’il murmure non pas seulement de bouche mais même seulement dans son cœur, son œuvre ne sera pas agréée de Dieu qui voit dans son cœur le murmure. »

Et, après réflexion, il ajoutait : je n’ai pas l’impatience de la servitude, je ne suis rien.

Puis, voyez-vous, reprenait-il, j’ai un cousin qui était très instruit et qui est entré dans une trappe ; eh bien, lui, n’a voulu être que convers. C’est là, entre nous, la pierre de touche des deux branches Bénédictines ; chez les moines blancs, personne ne veut, par humilité, être père, et chez les moines noirs, aucun de nous ne veut être convers.

— Mais… mais… s’écria Durtal, il y a vocation pour tout ; vous serez plus utile ici, comme religieux de chœur que comme frère !