Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/451

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cœur était excellent ! Il n’y avait pas d’être plus affectueux, plus charitable ; nous étions bien amis ensemble ; aussi, lorsqu’il est parti, nous avons échangé nos disciplines.

Au fait, pensa Durtal un peu interloqué par ce genre de cadeau, les novices ne possèdent que cela à eux ; ils ne peuvent donc se donner, en signe de souvenir, autre chose.

— Et votre petit frère Gèdre ?

— Oh lui ! il est un modèle de sagesse et de raison ; le frère « trotte menu », ainsi que nous l’appelons, est avec notre vieux saint, le frère de Chambéon, le plus avancé de tout le noviciat, dans la voie de l’oubli de soi-même et de l’abandon en Dieu ; et vous rappelez-vous sa jolie voix ! Je n’ai jamais ouï chanter par personne la deuxième phrase du graduel de la messe de la sainte Vierge, le « Virgo Dei genitrix » comme par lui. Ce qu’il priait bien, en chantant ainsi !

Et lui-même se mettait à la chanter et, en l’entendant, Mlle de Garambois qui hennissait telle qu’un cheval de trompette, aussitôt qu’elle écoutait du plain-chant, montait d’en bas où elle travaillait avec Mme Bavoil.

L’excellente créature aussi que celle-là ! et toujours aimable et toujours prête à rendre service. Durtal regrettait de quitter ce Val des Saints si odieux pourtant, à cause d’elle et de son oncle. M. Lampre ne pouvait évidemment habiter Paris, mais, elle, qui avait constamment séjourné dans les parages de couvents, pourquoi ne s’y fixerait-elle point ? Et Durtal essayait de la décider à venir y passer au moins l’hiver.

Mais elle répondait, à la grande joie du petit Blanche :