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Page:Huysmans - L'Oblat.djvu/452

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— Vous m’avez assez fréquentée pourtant pour savoir que je m’acoquinerais, des heures entières, chez les pâtissiers ; ici, je ne puis trop pécher par gourmandise parce que je n’en ai pas l’occasion, mais à Paris !

— C’est donc bien bon les gâteaux ? Questionnait l’enfant qui n’en avait guère mangé dans sa vie.

— Si c’est bon ! Elle levait les yeux au ciel et ajoutait : « et avec un doigt de porto après », puis se reprenait, en rougissant un peu et s’écriait : c’est mal ce que vous faites là, vous me déconfessez ! Je sors du tribunal de la pénitence, je ne pensais à rien et vous me remettez l’eau à la bouche, en m’entretenant de ma gourmandise !

Non, poursuivait-elle, plus calme. Moi, je suis clouée, ici. Si je déménageais ce serait pour revivre dans les alentours d’une abbaye, et comprenons-nous, près d’une abbaye d’hommes, car chez les religieuses, il n’y a pas de cérémonial, pas de galas pontificaux, pas tout ce que j’aime. Il me faudrait pour l’obtenir m’exiler à l’étranger et encore je serais volée, car il n’y aurait très probablement point, comme ici, comme dans tous nos monastères de France, une église située hors de la clôture et, par conséquent, accessible aux femmes.

Et alors, me voyez-vous dans un pays où je ne connaîtrais pas un chat et où je ne pourrais suivre les offices.

Et puis d’ailleurs mon oncle est vieux et ce n’est pas le moment, alors qu’il aurait besoin de moi, de le lâcher !

— Vous viendrez bien au moins, de temps en temps à Paris ?

— Ah ! pour cela, oui.

— Et quitte à l’induire à tentation, je lui cuisinerai