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Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/119

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pelle, Eustache Blanchet, part en Italie où les manieurs de métaux abondent.

En attendant, Gilles de Rais, sans se décourager, continue ses expériences qui, toutes, ratent ; il finit par croire que décidément les magiciens ont raison, qu’aucune découverte n’est, sans l’aide de Satan, possible.

Et, une nuit, avec un sorcier arrivé de Poitiers, Jean de la Rivière, il se rend dans une forêt qui avoisine le château de Tiffauges. Il demeure, avec ses serviteurs Henriet et Poitou, sur la lisière du bois où le sorcier pénètre. La nuit est lourde et sans lune ; Gilles s’énerve à scruter les ténèbres, à écouter le pesant repos de la campagne muette ; ses compagnons terrifiés se serrent, l’un contre l’autre, frémissent et chuchotent, au moindre vent. Tout à coup, un cri d’angoisse s’élève. Ils hésitent, s’avancent, en tâtonnant, dans le noir, aperçoivent, en une lueur qui saute, La Rivière, exténué, tremblant, hagard, près de sa lanterne. Il raconte, à voix basse, que le Diable a surgi sous la forme d’un léopard, mais qu’il a passé auprès de lui, sans même le regarder, sans rien lui dire.

Le lendemain, ce sorcier prend la fuite, mais un autre arrive. C’est un trompette du nom de Du Mesnil. Il exige que Gilles signe de son sang une cédule dans laquelle il s’engage à donner au Diable tout ce qu’il voudra, « hormis sa vie et son