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Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/120

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âme », mais bien que pour aider aux maléfices, Gilles consente à faire chanter dans sa chapelle, à la fête de la Toussaint, l’office des Damnés, Satan n’apparaît pas.

Le maréchal commençait à douter du pouvoir de ses magiciens, quand une nouvelle opération qu’il tenta le convainquit que parfois le Démon se montre.

Un évocateur, dont le nom est perdu, se réunit à Tiffauges, dans une chambre, avec Gilles et de Sillé.

Sur le sol, il trace un grand cercle et commande à ses deux compagnons d’entrer dedans.

Sillé refuse ; poigné par une terreur qu’il ne s’explique pas, il se met à frémir de tous ses membres, se réfugie près de la croisée qu’il ouvre, murmure tout bas des exorcismes.

Gilles plus hardi se tient au milieu du cercle ; mais, aux premières conjurations, il frissonne à son tour et veut faire le signe de la croix. Le sorcier lui ordonne de ne pas bouger. À un moment, il se sent saisi à la nuque ; il s’effare, vacille, supplie Notre-Dame la Vierge de le sauver. L’évocateur, furieux, le jette hors du cercle ; il s’élance par la porte, de Sillé, par la fenêtre ; ils se retrouvent en bas, restent béants, car des hurlements se dressent dans la chambre où le magicien opère. « Un bruit d’épées tombant à