Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/124

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tait Gilles de Rais dut croire à la réalité du Diable, après avoir assisté à de pareilles scènes !

Malgré ses échecs, il ne pouvait donc douter — et Prélati, à moitié assommé, devait douter moins encore — que s’il plaisait à Satan, ils trouveraient enfin cette poudre qui les comblerait de richesses et les rendrait même presque immortels, car à cette époque, la pierre philosophale passait non seulement pour transmuer les métaux vils, tels que l’étain, le plomb, le cuivre, en des métaux nobles comme l’argent et l’or, mais encore pour guérir toutes les maladies et prolonger, sans infirmités, la vie jusqu’aux limites jadis assignées aux patriarches.

Quelle singulière science ! ruminait Durtal, en relevant la trappe de sa cheminée et en se chauffant les pieds ; malgré les railleries de ce temps qui, en fait de découvertes, n’exhume que des choses déjà perdues, la philosophie hermétique n’est pas absolument vaine.

Sous le nom d’isomérie, le maître de la chimie contemporaine, Dumas, reconnaît les théories des alchimistes exactes et Berthelot déclare « que nul ne peut affirmer que la fabrication des corps réputés simples soit impossible à priori ».

Puis il y a eu des actes contrôlés, des faits certains. En sus de Nicolas Flamel qui semble bien, en effet, avoir réussi le grand œuvre, au xviiie sièclee