Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/127

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lait, toutes les après-midi, à la Bibliothèque Nationale, sur les œuvres de Nicolas Flamel ; le matin et le soir, il poursuivait près de ses fourneaux la recherche du grand œuvre.

Le 16 mars de l’an dernier, il sortit de la Bibliothèque avec un voisin de table et lui déclara, en route, qu’il était enfin possesseur du fameux secret. Arrivé dans son cabinet, il jeta des morceaux de fer dans une cornue, fit une projection, obtint des cristaux couleur de sang. L’autre examina les sels et plaisanta ; alors l’alchimiste, devenu furieux, se rua sur lui, le frappa à coups de marteau, dut être garrotté et emporté, séance tenante, à Sainte-Anne.

Au xvie siècle, au Luxembourg, on rôtissait les initiés dans des cages de fer ; le siècle suivant, en Allemagne, on les branchait, vêtus d’une robe de paillons, à des poteaux dorés ; maintenant qu’on leur fiche la paix, ils deviennent fous ! Décidément cela finit tristement, conclut Durtal.

Il se leva pour aller ouvrir la porte, car la sonnette tintait ; il revint avec une lettre apportée par le concierge.

Il l’ouvrit. Qu’est-ce que c’est que cela ? fit-il étonné, lisant :


« Monsieur,


« Je ne suis ni une aventurière, ni une femme d’esprit se grisant de causeries comme d’autres de