Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/133

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comme l’éternel ennui que j’éprouve. N’ai-je pas eu, du reste, le meilleur de vous-même, dans ce billet de teinte indécise qui m’a, pour un instant, secouée de ma léthargie ? Comme vous, monsieur, je sais, hélas ! Que rien n’arrive et que nos jouissances les plus certaines sont encore celles que l’on rêve. Aussi, malgré ma fiévreuse envie de vous connaître, je craindrais tout autant que vous qu’une rencontre fût pour tous deux la source de regrets auxquels il ne faut pas volontairement nous exposer… »

Puis voilà qui atteste la parfaite inutilité de cet exorde, c’est la fin de cette lettre :

« Si la fantaisie vous prenait de m’écrire, vous pouvez m’adresser sûrement vos lettres, sous le nom de Madame H. Maubel, poste restante, rue Littré. Je passerai, lundi, à la poste. Si vous souhaitiez que nous en restions là — ce qui me peinerait fort — vous me le diriez bien franchement, n’est-ce pas ? »

Ce sur quoi, j’ai été assez godiche pour rédiger un poulet ni chair ni poisson, marmiteux et emphatique comme était ma première épître ; sous mes reculs que déniaient de furtives avances, elle a fort bien compris que j’amorçais.

Sa troisième épistole le prouve :

« Ne vous accusez jamais, monsieur (j’ai retenu un nom plus doux qui me venait aux lèvres), d’être