Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/140

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Haute en chair, habile, elle effondrait les moelles, granulait les poumons, démolissait, en quelques tours de baisers, les reins.

Elle lui reprocha d’être resté si longtemps sans venir, le cajola, l’embrassa ; mais il se sentait triste et haletant, gêné, sans convoitises authentiques ; il finit par s’abattre sur une couche et il subit, énervé jusqu’à crier, le laborieux supplice des échinantes dragues.

Jamais il n’avait plus exécré la chair, jamais il ne s’était senti plus répugné, plus las, qu’au sortir de cette chambre ! Il déambula, au hasard, par la rue Soufflot et l’image de l'inconnue, l’obséda, plus irritante, plus tenace.

Je commence à comprendre les hantises du succubat, se dit-il ; je vais essayer de l’exorcisme des bromes. Ce soir, j’avalerai un gramme de bromure de potassium ; cela m’assagira les sens. Mais il se rendait compte que la question charnelle n’était que subsidiaire, qu’elle n’était qu’une conséquence d’un état imprévu d’âme.

Oui, il y avait, en lui, autre chose qu’un trouble génésique, qu’une explosion des sens ; c’était dévié, cette fois sur une femme, cet élan vers l’informulé, cette projection vers les là-bas qui l’avait récemment soulevé, dans l’art ; c’était ce besoin d’échapper par une envolée au train-train terrestre. Ce sont des sacrées études hors du monde, ces