Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/141

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pensées cloîtrées dans des scènes ecclésiastiques et démoniaques qui m’ont ainsi détraqué, se dit-il. Et il voyait juste, dans ce travail opiniâtre où il se confiait, toute l’efflorescence d’un mysticisme inconscient, laissé jusqu’alors en friche, partait en désordre à la recherche d’une atmosphère nouvelle, en quête de délices ou de douleurs neuves !

Et tout en marchant il récapitula ce qu’il savait de cette femme ; mariée, blonde, à l’aise, puisqu’elle faisait chambre à part et avait une bonne, demeurant dans le quartier puisqu’elle allait chercher ses lettres à la poste de la rue Littré, s’appelant, en admettant que l’initiale dont elle précédait le nom de Maubel dans ses lettres fût exacte, Henriette ou Hortense, Honorine, Hubertine ou Hélène.

Puis quoi ? elle devait fréquenter le monde des artistes puisqu’elle l’avait rencontré et qu’il n’allait plus, depuis des années, dans les salons bourgeois ; elle était enfin d’un catholicisme maladif, ce mot de succube, inusité chez les profanes, l’attestait ; et c’était tout ! Restait ce mari qui, pour peu qu’il fût sagace, devait se douter de leur liaison, puisque, d’après ses propres aveux, elle dissimulait mal l’obsession dont elle était elle-même atteinte.

Au fond, ce que j’ai eu tort de m’emballer ! car, moi aussi, j’ai écrit d’abord pour m’amuser des lettres phosphorées, pimentées de poussière de