Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/147

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l’heure actuelle, le sirop de pavot blanc, le Diacode de l’ancien Codex, n’existe plus ; on le fabrique avec de l’opium et du sirop de sucre, comme si c’était la même chose !

Nous en sommes arrivés à ne plus doser les substances, à prescrire des remèdes tout faits, à nous servir de ces surprenantes spécialités qui encombrent les quatrièmes pages des feuilles. C’est le petit bonheur de la maladie, la médecine égalitaire pour tous les cas ; quelle honte et quelle bêtise !

Non, ce n’est pas pour dire, mais la vieille thérapeutique qui se basait sur l’expérience valait mieux ; elle savait au moins que les remèdes ingérés sous forme de pilules, de granules, de bols, étaient infidèles, et elle ne les prescrivait qu’à l’état liquide ! Puis maintenant, chaque médecin se spécialise ; les oculistes ne voient que les yeux et pour les guérir, ils empoisonnent tranquillement le corps. Ce qu’avec leur pilocarpine, ils ont détruit pour jamais la santé des gens ! D’autres traitent les affections cutanées, refoulent des eczémas chez des vieillards qui deviennent, aussitôt guéris, gâteux ou fous. Il n’y a plus aucun ensemble ; on s’attaque à une partie au détriment des autres ; c’est le gâchis ! Maintenant aussi mes honorables confrères pataugent, s’engouent de médications qu’ils ne savent même pas employer. Tiens l’antipyrine, pour en