Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/148

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citer une ; c’est un des seuls produits vraiment actifs que les chimistes aient depuis longtemps trouvés. Eh bien, quel est le docteur qui sait qu’appliquée en compresse avec les eaux iodurées, froides de Bondonneau, l’antipyrine lutte contre ce mal réputé incurable, le cancer ? — Et si cela semble invraisemblable, c’est vrai pourtant !

— Au fond, dit Durtal, tu crois que les anciens thérapeutes guérissaient mieux ?

— Oui, car ils connaissaient merveilleusement les effets de remèdes immuables et préparés sans dols. Il est bien évident néanmoins que lorsque le vieux Paré préconisait la médecine des sachets, ordonnait à ses clients de porter des médicaments secs et pulvérisés dans un petit sac dont la forme variait, suivant la nature des maladies à joindre, affectait la forme d’une coiffe pour la tête, d’une cornemuse pour l’estomac, d’une langue de bœuf pour la rate, il n’obtenait probablement pas des résultats bien vifs ! Sa prétention de traiter les gastralgies par des appositions de poudre de rose rouge, de corail et de mastic, d’absinthe et de menthe, de noix muscade et d’anis est pour le moins controuvée ; mais il avait aussi d’autres systèmes, et souvent il guérissait, parce qu’il possédait la science des Simples qui est maintenant perdue !

La médecine actuelle lève les épaules lorsqu’on