Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/162

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céphale, l’adhérence au cerveau de la pie-mère ne signifient absolument rien dans ces questions. Ce sont de simples résultantes, des effets dérivés d’une cause qu’il faudrait expliquer et qu’aucun matérialiste n’explique. Il est vraiment trop facile de déclarer qu’une perturbation des lobes cérébraux produit des assassins et des sacrilèges ; les fameux aliénistes de notre temps prétendent que l’analyse du cerveau d’une folle décèle une lésion ou une altération de la substance grise. Et quand même cela serait ! il resterait à savoir, pour une femme atteinte de démonomanie par exemple, si la lésion s’est produite parce qu’elle est démonomane ou si elle est devenue démonomane par suite de cette lésion, — en admettant qu’il y en ait une ! Les Comprachicos spirituels ne s’adressent point encore à la chirurgie, n’amputent pas des lobes soi-disant connus, après de studieux trépans ; ils se bornent à agir sur l’élève, à lui inculquer des idées ignobles, à développer ses mauvais instincts, à le pousser peu à peu dans la voie du vice, c’est plus sûr ; et si cette gymnastique de la persuasion altère chez le patient les tissus de la cervelle, cela prouve justement que la lésion n’est que le dérivé et non la cause d’un état d’âme !

Et puis… et puis… ces doctrines qui consistent à confondre maintenant les criminels et les aliénés, les démonomanes et les fous, sont insensées quand