Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/181

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— Moi !… Il lui prit doucement les mains ; elle se laissa faire et le fixant résolument :

— Écoutez, si vous m’aviez aimée, vous seriez venu me voir ; tandis que, depuis des mois, vous n’avez même pas cherché à savoir si j’étais vivante ou morte…

— Mais comprenez donc que je ne pouvais espérer être accueilli par vous dans les termes où maintenant nous sommes ; puis, il y a toujours dans votre salon, des invités, votre mari ; vous n’eussiez jamais été même un tout petit peu à moi, chez vous !

Il lui serrait les mains plus fort, s’approchait davantage d’elle ; elle le regardait avec ses yeux fumeux où il retrouvait cette expression dolente, presque douloureuse, qui l’avait séduit. Il s’affola pour de bon, devant ce visage voluptueux et plaintif, mais, d’un geste très ferme, elle déroba ses mains.

— Tenez, asseyons-nous, et parlons d’autre chose ! — Savez-vous que votre logement est charmant ? — Quel est ce Saint ? reprit-elle, en examinant, sur la cheminée, le tableau où un moine à genoux priait auprès d’un chapeau de Cardinal et d’une cruche.

— Je ne sais pas.

— Je vous chercherai cela ; j’ai à la maison des vies de Saints ; cela doit être facile à découvrir