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Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/190

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entier, lui chauffait à blanc la cervelle et les sens. Il se prit à la désirer follement, aspirant à ce lendemain promis. Et si elle ne venait pas ? se dit-il. Il eut froid dans le dos à cette idée qu’elle ne pourrait s’échapper de chez elle ou qu’elle voudrait le faire poser, pour l’aiguiser davantage.

Il est grand temps que cela finisse, se dit-il, car cette chorée d’âme n’allait pas sans certaines déperditions de force qui l’inquiétaient. Il craignait, en effet, après l’agitation fébrile de ses nuits, de se révéler, le moment venu, comme un paladin bien triste !

Il s’agit de ne plus penser à cela, reprit-il, en allant chez Carhaix, où il devait dîner avec l’astrologue Gévingey et des Hermies.

Ça va me changer le cours de mes idées, murmurait-il, en montant à tâtons dans l’obscurité de la tour. Des Hermies, qui l’entendait grimper, ouvrit la porte, jeta dans la nuit en spirale un pinceau de jour.

Durtal atteignit le palier, vit son ami, sans veston, en manche de chemise, le corps enveloppé d’un tablier.

— Je suis, comme tu vois dans le feu de la composition ! Et il guettait une marmite qui bouillonnait sur le fourneau, en consultant ainsi qu’un manomètre sa montre accrochée à un clou. Il avait le regard bref et sûr du mécanicien qui surveille