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Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/191

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sa machine. — Tiens, dit-il, en soulevant le couvercle, regarde. Durtal se pencha et, au travers d’un nuage de vapeur, il aperçut dans les petites vagues du pot, un torchon mouillé.

— C’est ça le gigot ?

— Oui, mon ami ; il est cousu dans cette toile si étroitement que l’air n’y peut entrer. Il cuit dans ce joli court-bouillon qui chante et dans lequel j’ai jeté, avec une poignée de foin, des gousses d’ail, des ronds de carottes, des oignons, de la muscade, du laurier et du thym ! Tu m’en diras des nouvelles, si… Gévingey ne se fait pas trop attendre, car le gigot à l’anglaise ne supporte pas d’être en charpie.

La femme de Carhaix survint.

— Entrez donc, mon mari est là.

Durtal l’aperçut qui nettoyait ses livres. Ils se serrèrent la main ; Durtal feuilleta, au hasard, les volumes époussetés sur la table.

— Ce sont, demanda-t-il, des ouvrages techniques sur le métal et sur la fonte des cloches ou sur la partie liturgique qui les concerne ?

— Sur la fonte, non ; il est parfois question dans ces bouquins, des anciens fondeurs, des saintiers, comme on les appelait dans le bon temps ; vous y découvrirez, çà et là, quelques détails sur des alliages de cuivre rouge et d’étain fin ; vous y constaterez même, je crois, que l’art du saintier est en dé-