Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suivent des yeux quelque chose qui passe et que nous ne pouvons voir, dit la femme de Carhaix.

— Non, merci, dit Gévingey, à des Hermies qui lui offrait de reprendre d’une salade de pissenlits aux œufs.

— Mes amis, fit le sonneur, vous n’oubliez qu’une doctrine — la seule — celle de l’Église qui attribue à Satan tous ces inexplicables phénomènes. Le catholicisme les connaît de longue date. Il n’a pas eu besoin d’attendre les premières manifestations des Esprits qui se sont produites, en 1847, je crois, aux États-unis, dans la famille Fox, pour décréter que les esprits frappeurs relevaient du Diable. Il y en a eu dans tous les temps. Vous en trouverez dans Saint Augustin la preuve, car il dut envoyer un prêtre pour faire cesser, dans le diocèse d’Hippone, des bruits, des bouleversements d’objets et de meubles analogues à ceux que signale le Spiritisme. Au temps de Théodoric aussi, Saint Césaire débarrassa une maison hantée par des lémures. Il n’y a, voyez-vous, que deux cités, celle de Dieu et celle du Diable. Or, comme Dieu est en dehors de ces sales manigances, les occultistes, les spirites, satanisent plus ou moins, qu’ils le veuillent ou non !

— N’empêche, dit Gévingey, que le Spiritisme a accompli une tâche immense. Il a violé le seuil de l’inconnu, brisé les portes du sanctuaire. Il a