Page:Huysmans - Là-Bas, Tresse & Stock, 1895.djvu/205

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— Dame ! il sait surtout que les avis diffèrent ! Del Rio, Bodin, par exemple, considèrent les incubes comme des démons masculins qui se couplent aux femmes et les succubes comme des démones qui font avec l’homme œuvre de chair.

D’après leurs théories, l’incube, prend la semence que l’homme perd en songe et s’en sert. De sorte que deux questions se posent : la première, celle de savoir si un enfant peut naître de cette union ; cette procréation a été jugée possible par les docteurs de l’Église qui affirment même que les enfants issus de ce commerce sont plus pesants que les autres et qu’ils peuvent tarir trois nourrices sans engraisser ; la seconde, celle de savoir quel est le père de cet enfant, du démon qui a copulé avec la mère ou de l’homme dont la semence fut prise. Ce à quoi, Saint Thomas répond, par des arguments plus ou moins subtils, que le vrai père est non l’incube mais l’homme.

— Pour Sinistrari d’Ameno, observa Durtal, les incubes et les succubes ne sont pas précisément des démons, mais bien des esprits animaux, intermédiaires entre le démon et l’ange, des sortes de satyres, de faunes, tels qu’en révéra le paganisme ; des espèces de farfadets et de lutins tels qu’en exorcisa le Moyen Âge. Sinistrari ajoute qu’ils n’ont que faire de polluer l’homme endormi, attendu